Contrats/clauses
Télétravailleurs > 2. Télétravail occasionnel
Qu’entend-on par télétravail occasionnel ?
Définition
La loi définit le télétravail occasionnel comme une forme d’organisation
et/ou de réalisation du travail, utilisant les technologies de l’information,
dans laquelle un travail, qui aurait également pu être réalisé dans les locaux
de l’employeur, est effectué en dehors de ces locaux, de façon
occasionnelle et irrégulière.
Lorsque le télétravail est réalisé de manière régulière et donc non
occasionnelle, on parle de télétravail structurel. Ce télétravail structurel,
qui n’est pas régi par la loi, mais par la CCT n° 85 du Conseil National du
Travail, est analysé dans une f
iche distincte.
Objectif de la législation
Comme nous venons de le dire, la CCT n° 85 fixe le cadre à l’intérieur
duquel l’employeur et le travailleur peuvent convenir d’une possibilité de
télétravail[1]. Cette CCT limite toutefois
le télétravail aux travailleurs qui travaillent depuis leur domicile (ou depuis
tout autre lieu choisi par le travailleur)[2] sur une base structurelle (par
exemple, un jour par semaine ou quelques heures par jour).
Un employeur qui autorise également ses travailleurs à travailler
sporadiquement depuis leur domicile, parce que le plombier
doit passer ce jour-là, par exemple, le faisait donc jusqu’il y a peu en dehors
de tout cadre légal, de sorte que les règles à respecter en la matière
n’étaient claires ni pour l’employeur, ni pour le travailleur. La loi
concernant le travail faisable et manière a remédié à cette lacune, en créant
également un cadre pour ces cas de figure.
Enfin, le télétravail organisé dans le cadre de la crise
Covid est en principe une forme de télétravail occasionnel. Vous
trouvez cependant les informations spécifiques au sujet du télétravail imposé
ou recommandé par les autorités publiques en raison de la pandémie dans la
fiche Télétravailleurs - 3. Télétravail et coronavirus.
Ce télétravail est réglé par la CCT n° 149 du CNT[3].
[1] Convention
collective de travail n° 85, conclue au sein du Conseil national du travail le
9 novembre 2005, et modifiée ultérieurement par la CCT n° 85bis du 27 février
2008.
[2] Les bureaux
satellites de l’employeur en sont toutefois exclus.
[3] Convention
collective de travai n° 149, conclue au sein du Conseil national du travail le
26 janvier 2021.
Pour quels travailleurs ?
Le télétravail occasionnel est mis en place pour les travailleurs du secteur
privé[1].
Le télétravail occasionnel s’adresse aux travailleurs qui sont dans
l’incapacité d’exécuter leurs activités au bureau pour cause de force
majeure ou pour des raisons personnelles. L’exposé des motifs cite
comme exemples de force majeure la panne de voiture ou une grève des trains,
et, comme exemples de raisons personnelles, une visite chez le dentiste,
l’accomplissement de formalités administratives, la visite d’un technicien…
Cette liste n’est pas exhaustive, l’employeur et le travailleur peuvent donc
également juger d’autres raisons suffisantes pour autoriser le télétravail.
Il est évident que le télétravail occasionnel n’est lui aussi possible que
si le travailleur exerce une fonction et/ou une activité compatible
avec le télétravail. Il est, par exemple, impossible pour un agent de
gardiennage ou un(e) réceptionniste de pouvoir travailler depuis son domicile,
étant donné que sa présence sur le site de l’entreprise est indispensable à
l’exercice de sa fonction.
[1] La loi limite
toutefois le champ d’application aux travailleurs et aux employeurs soumis à la
loi du 5 décembre 1968 sur les conventions collectives de travail et les
commissions paritaires.
Le télétravail est-il un droit ?
Le travailleur doit adresser une demande de télétravail à son employeur[1]. Il n’existe donc pas de
droit absolu, vu que l’employeur a toujours le droit de refuser la
demande. L’employeur doit toutefois motiver son refus.
L’exposé des motifs de la loi précise que l’employeur peut refuser pour des
raisons liées, notamment, aux nécessités du fonctionnement du service ou de
l’entreprise (par exemple, si le travailleur doit absolument assister à une
réunion le jour demandé) ou à l’usage inapproprié du télétravail occasionnel
(par exemple, si le travailleur recourt exagérément au télétravail
occasionnel).
[1] Vous trouvez de plus
amples explications concernant la procédure sous la question "Comment le
travailleur doit-il adresser sa demande de télétravail ?".
Comment le travailleur doit-il adresser sa demande de télétravail ?
Initiative du travailleur
Le travailleur qui veut recourir au télétravail occasionnel doit en faire la
demande à l’employeur, au préalable et dans un délai
raisonnable, en précisant les motifs.
La loi ne prévoit aucune formalité pour cette demande, mais stipule
toutefois que la procédure de demande, d’acceptation ou de
refus du télétravail peut être définie dans une convention collective de
travail ou dans le règlement du travail (en annexe). Cette CCT ou annexe doit
donc également comporter un certain nombre d’autres éléments. Pour plus
d’informations à ce sujet, nous vous renvoyons à la question "Que mentionner dans le règlement du travail ?".
Réponse de l’employeur
Acceptation du télétravail
Si l’employeur accepte, aucune formalité n’est prévue. Un
engagement verbal est donc suffisant.
Attention ! L'accord de l'employeur n'est en principe pas
présumé. A défaut de réaction de l'employeur, il n'y a donc pas d'approbation
pour le télétravail. Les règles d'application en cas de refus du télétravail
(voyez ci-dessous) sont alors applicables.
L'entreprise peut cependant mettre en place une politique en matière de
télétravail (voyez la question "Que mentionner dans le règlement de travail
?"), et prévoir dans ce cadre que l'accord de l'employeur est
présdumé (par exemple, s'il ne réagit pas endéans un certain délai).
Refus du télétravail
Si l’employeur refuse, il doit en communiquer les raisons par écrit
(sur papier ou par voie électronique) au travailleur dans les plus
brefs délais. Un simple refus non motivé n’est donc pas autorisé !
Où le télétravail doit-il avoir lieu ?
Le télétravail peut être exécuté au domicile du télétravailleur ou
dans tout autre lieu qu’il a choisi.
Quelles sont les modalités à respecter ?
Egalité de traitement
Le télétravail n’apporte aucune modification aux droits et obligations du
télétravailleur occasionnel. Il ne s’agit en effet que d’une modalité
d’organisation du travail.
Par conséquent, il doit entre autres bénéficier des mêmes droits que les
travailleurs qui travaillent au bureau. En outre, la charge du travail et les
normes de performance doivent être équivalentes à celles des collègues de
bureau occupant une fonction comparable.
Le télétravail occasionnel ne peut donc avoir aucune influence négative sur
le statut du travailleur.
Organisation du travail
Le télétravailleur organise lui-même son travail, mais il
le fait dans les limites de la durée du travail en vigueur
dans l’entreprise. Il s’ensuit que le travailleur devra prester le nombre
d’heures prévues dans son horaire, mais sans devoir respecter rigoureusement
cet horaire.
Le jour du télétravail, il pourra, par exemple, interrompre son travail
pendant une heure pour se rendre chez le médecin, mais il devra la récupérer
plus tard dans la journée, en dehors de son horaire de travail normal, sans que
cette heure soit considérée comme une heure supplémentaire.
Accords pratiques
L’employeur et le travailleur doivent passer des accords
concernant le télétravail occasionnel, à tout le moins en ce qui
concerne les aspects suivants :
Ces accords pratiques peuvent également figurer dans une convention
collective de travail ou dans le règlement du travail (en annexe), afin qu’ils
s’appliquent à l’ensemble des travailleurs de l’entreprise et ne nécessitent
pas une convention individuelle pour chaque travailleur. Cette CCT ou annexe
doit dès lors aussi comporter un nombre d’autres éléments. Pour plus
d’informations à ce sujet, nous vous renvoyons à la question "Que mentionner dans le règlement du travail ?".
Que mentionner dans le règlement du travail ?
Remarque préalable : il n’est pas obligatoire de mentionner
le télétravail occasionnel dans le règlement du travail. Il peut cependant être
utile de définir collectivement les modalités applicables au télétravail
occasionnel, afin que les travailleurs sachent à quoi s’en tenir lorsqu’ils
introduisent une demande. Dans ce cas, la politique développée par l’entreprise
en matière de télétravail occasionnel doit figurer dans le règlement du travail
(ou dans une convention collective de travail).
Aucune interdiction
La loi interdit à l’entreprise de porter atteinte au droit du travailleur au
télétravail occasionnel pour cause de force majeure ou de raisons personnelles.
Il est donc interdit de mentionner dans le règlement du travail que le
télétravail occasionnel n’est pas autorisé ou qu’il n’est autorisé que pour des
raisons professionnelles (par exemple, pour préparer une formation en toute
quiétude).
Mentions obligatoires
Si l’entreprise veut définir dans une CCT ou le règlement du travail le
cadre à l’intérieur duquel le télétravail occasionnel peut être demandé,
celui-ci doit comporter au minimum les éléments suivants :
- les fonctions et/ou activités pour
lesquelles le télétravail est possible ;
- la procédure de demande de travail occasionnel et la
procédure d’acceptation/de refus. À cet égard, il convient de tenir compte du
fait que le délai de demande en cas de force majeure sera logiquement très
court, étant donné que le travailleur ne peut prévoir la situation de force
majeure à l’avance. Un coup de fil ou l’envoi d’un e-mail devrait en
l’occurrence pouvoir suffire. Étant entendu évidemment que, même dans ce cas,
l’employeur a toujours la possibilité de refuser ;
- la mise à disposition éventuelle du matériel (ordinateur
portable, téléphone...) et du support technique nécessaires par l’employeur ;
li>
- la joignabilité éventuelle du travailleur pendant le
télétravail ;
- le remboursement éventuel par l’employeur des frais
afférents au télétravail occasionnel.
Attention ! Les secteurs ont également la possibilité de
conclure une telle CCT. Si tel est le cas, l’entreprise doit évidemment
respecter le cadre sectoriel.
L’employeur doit-il fournir les équipements nécessaires et prendre en charge les frais liés au télétravail ?
Equipements nécessaires
Contrairement à ce qui est prévu dans le cadre du
télétravail structurel, l'employeur n’est pas obligé
strong> de fournir au télétravailleur les équipements nécessaires au
télétravail, de les installer et de les entretenir en cas de
télétravail occasionnel.
Il ne doit donc pas non plus :
- prendre exclusivement en charge les coûts des connexions et communications
liées au télétravail ;
- rembourser les coûts liés à la perte ou à l'endommagement des équipements
et des données utilisées par le télétravailleur dans le cadre du télétravail.
li>
L’employeur peut toutefois choisir de fournir ces équipements et de
prendre en charge ces frais.
Si le télétravailleur utilise des équipements propres, les
frais liés au télétravail relatifs à l'installation des programmes
informatiques, le fonctionnement et l'entretien de ces équipements, ainsi que
les frais pour l'amortissement de ceux-ci, ne sont pas obligatoirement à charge
de l'employeur.
Si l’employeur souhaite intervenir dans ces frais, ils
devront être évalués avant le début du télétravail proportionnellement aux
prestations effectuées dans le cadre du télétravail ou selon un clé de
répartition fixée par les parties.
Lorsque le travailleur utilise son ordinateur privé ou sa
connexion internet privée, l’employeur peut rembourser ces
frais, mais il devra le faire sur la base du coût réel
encouru. Les forfaits de :
- 20 euros par mois appliqué pour l'utilisation d'un ordinateur privé et pour
l'utilisation d'une connexion internet privée
- et de 5 euros par mois appliqué pour l’utilisation d’un deuxième écran
privé et d’une imprimante/d’un scanner privés
en cas de télétravail structurel ne sont en effet
pas applicables ici[1].
Frais annexes
Comme c’est le cas en ce qui concerne la fourniture d’équipements propres,
l’employeur n’est pas obligé de rembourser les frais annexes
liés au télétravail occasionnel. Il peut cependant choisir de le faire.
Indemnité de 10 % de la rémunération
Pour plus de renseignements au sujet de cette indemnité, nous vous invitons
à consulter notre fiche sur le télétravail structurel.
Cette piste n’est cependant pas la plus adaptée pour ce qui concerne le
télétravail occasionnel, qui, par définition, n’est pas régulier.
Indemnité de bureau
L’indemnité de bureau de 134,71 euros n’est pas acceptée par l’ONSS
et le Fisc en cas de télétravail occasionnel. Elle est uniquement
exonérée en cas de télétravail structurel et régulier. Une exception est
toutefois prévue pour le télétravail mis
en place suite au coronavirus.
Pour un aperçu des remboursements de frais acceptés, nous vous invitons à
consulter notre tableau récapitulatif.
[1] Une exception est
toutefois prévue pour le télétravail mis en place suite au
coronavirus.
Le télétravailleur occasionnel est-il protégé contre les accidents du travail ?
Un accident du travail est considéré comme tel si les faits qui ont
occasionné la lésion se sont produits au cours et par le fait de l’exécution du
contrat du travail. Vu que le télétravail occasionnel est généralement exécuté
au domicile du travailleur et donc en dehors de tout contrôle, il n’est
généralement pas si simple de le définir.
Présomption d’accident du travail
Pour y remédier, une présomption d’exécution du contrat de travail limitée
dans le temps et dans l’espace a été introduite dans la loi sur les accidents
de travail pour les télétravailleurs. Cette présomption suppose qu’un accident
survenu au télétravailleur sur le(s) lieu(x) et durant les heures mentionnées
dans le contrat de télétravail sera toujours présumé être un accident du
travail. L’assureur peut évidemment toujours apporter la preuve contraire.
Aussi en cas de télétravail occasionnel
Par le passé, cette présomption ne s’appliquait
qu’au télétravailleur structurel, car une convention de télétravail écrite
était obligatoire.
La loi a désormais rendu la présomption
applicable également au télétravailleur occasionnel. Tout autre écrit,
autorisant « de manière générique ou ponctuelle, collective ou individuelle »,
le télétravail est en effet à présent autorisé.
Celui-ci doit mentionner le ou les lieux
d'exécution du travail et la période de la journée pendant laquelle le travail
peut être effectué.
A défaut d'une telle mention, la présomption s'appliquera à la résidence ou
sur le ou les lieux dans lesquels le télétravailleur effectue habituellement
son télétravail et/ou pendant les heures de travail que le télétravailleur
devrait prester s'il était occupé dans les locaux de l'employeur.
Preuve de l’accident du travail
Si la présomption ne s’applique pas, le travailleur devra démontrer qu’il
s’agit d’un accident du travail pour pouvoir obtenir l’intervention de son
assureur-loi. En l’occurrence, il devra donc pouvoir démontrer que l’accident
s’est produit au cours et par le fait de l’exécution du contrat de travail.
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Pour rappel, vous trouvez des renseignements :
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Quelles sont les principales références légales ?
- Loi du 5 mars 2017 concernant le travail faisable et maniable
- Articles 5, 7 et 8 de la loi du 10 avril 1971 sur les accidents du
travail